Hôtel cantonal
Fribourg
Hôtel cantonal
Fribourg
Mandat d’études parallèles 2016 — 1er prix
Réalisation 2020 — 2022
Maître de l’ouvrage Etat de Fribourg, DAEC
Situé dans le centre historique de la ville, l’Hôtel cantonal participe de manière remarquable à l’identité de Fribourg. Sa position dominante et sa silhouette particulière soulignent depuis le XVIe siècle la fonction importante de l’édifice au sein de la cité.
En effet, il abrite le siège du pouvoir politique de sa construction à nos jours, ceci de façon ininterrompue.
Située à l’emplacement d’anciennes maisons rachetées par les autorités, la construction devait à l’origine servir de halle au grain. Les travaux débutèrent en 1502, mais très vite, décision fut prise d’ériger un hôtel de ville.
Le bâtiment a été achevé et inauguré en 1522.
Le Corps de garde, également poste central de la gendarmerie, a été construit en 1782 sur le flanc ouest de la place, en réaction aux évènements de la « révolution Chenaux ».
À la suite du déménagement du Tribunal cantonal en 2013, le bâtiment est resté partiellement inoccupé. Les travaux d’assainissement et de transformation terminés en 2022 ont permis de dédier l’entier du bâtiment au Grand Conseil, ce qui constitue une première dans l’histoire de l’édifice.
Une réalisation délicate
Les transformations successives ont créé des désordres structurels importants, en particulier sur les structures intérieures en bois. Des poutres cassées ou fortement déformées ou dû être remplacées. Il s’agissait donc de réparer ces graves défauts.
Pour bloquer les déformations des charpentes et des planchers, des structures métalliques ont été intégrées à différents étages. Ces interventions ont représenté des défis techniques particulièrement complexes, tant sur le plan de la mise en œuvre que de l’intégration architecturale dans des structures historiques.
Le parti pris a été de laisser apparentes les interventions de renforcements ainsi que certaines « blessures » des transformations antérieures, permettant ainsi une lecture des traces du passé.
Piano Nobile
Le premier étage, accueille depuis 1522 les travées du pouvoir politique.
La salle du Grand Conseil est conservée dans son état existant, résultant de sa dernière rénovation en 1999.
Les principales interventions réalisées dans cette salle sont d’ordre technique, pour en améliorer le confort thermique et l’éclairage indirect.
La salle des huissiers, qui lui donne accès, a été réaménagée et accueille l’imposante table du Conseil réalisée par Hans Gieng en 1546.
La salle Susanna, anciennement salle du Petit Conseil puis salle du Tribunal cantonal, a été l’objet de la découverte majeure : la peinture murale représentant l’histoire de Suzanne et les vieillards, réalisée en 1531 par le peintre Anton Henckel.
Son intégration dans l’aménagement homogène du XVIIIe siècle a fait l’objet de nombreuses discussions et propositions afin de maintenir à la fois la cohérence historique de l’ensemble XVIIIe et la peinture murale de la Renaissance, très bonne facture.
Les boiseries existantes ont été restaurées et repeintes dans les tons verts de 1775. Sur la face ouest, elles ont été adaptées avec des éléments coulissants permettant de dégager l’entier de la peinture murale.
Un rez-de-chaussée ouvert aux citoyens
Symbolisant l’ouverture de l’Hôtel cantonal vers la cité, la nouvelle salle des pas perdus du rez-de-chaussée s’ouvre directement sur la place de l’Hôtel-de-Ville.
Cet espace devient le lieu de rencontres et d’échanges entre le monde politique et les citoyen.ne.s. Dégagé de tous ses cloisonnements, il retrouve la spatialité de la halle au grain initialement prévue lors de la construction de l’édifice.
Le 1er sous-sol, à la disposition des députés
Au 1er sous-sol, la partie nord du bâtiment a été excavée, en sous-oeuvre, permettant ainsi de prolonger l’escalier et l’ascenseur jusqu’à ce niveau.
Les surfaces ainsi créées ont permis d’installer les sanitaires et le dépôt de matériel de la salle des pas perdus. Côté Sarine, la typologie en enfilade des quatre volumes d’origine a été restituée.
Les espaces accueillent désormais les locaux réservés aux député.e.s, avec des bureaux organisés en open-space et une petite cafétéria.
Laisser entrer la lumière naturelle
Les bureaux du Secrétariat du Grand Conseil se situent au 2e étage. Les nouveaux cloisonnements sont disposés de façon à laisser entrer la lumière naturelle jusqu’au dégagement central.
Cette disposition maintien la vision libre d’une façade à l’autre, permettant ainsi une perception complète de la profondeur de l’étage. Les deux poutres à treillis de 1775, situées au milieu de l’étage, ont été mises en valeur, tout comme l’appareillage en molasse des murs intérieurs des façades.
Les installations techniques principales et certains sanitaires se situent au 2e sous-sol. Le revêtement de sol du dégagement central est réalisé avec le pavage historique découvert sous les dallages en ciment réalisés au XXe siècle.
Un accès secondaire donne directement sur l’extérieur, de plain- pied avec la petite place du Bletzlet (Coutellerie), située au pied de la tour de l’Horloge.
L’escalier hélicoïdal de la tour de l’Horloge a dû être renforcé pour répondre aux exigences de sécurité de notre temps.
Vu du bas, le mouvement en spirale des deux volées d’escalier élève le regard jusqu’à la voûte aérienne du plafond.
Les couleurs du XIXe siècle ont été restituées sur les murs et le plafond de la tour.
